Impact dans la communauté
En offrant de l’hébergement à prix modique à la population itinérante ou vulnérable de Montréal, Ma Chambre répond à un besoin criant en matière de logement. L’itinérance est un problème constant dans notre métropole et les solutions sont parfois difficiles à cerner. Toutefois, le développement et la gestion de projets immobiliers à vocation sociale sont primordiaux pour assurer un continuum dans la lutte à la pauvreté. Nous savons que le fait d’avoir un endroit calme et sécuritaire est la base fondamentale de toute réinsertion sociale. Sans logis, il est quasiment impossible de réintégrer le rythme effréné de la société d’aujourd’hui. De plus, l’obtention d’un logement, en plus d’être parfois très complexe, n’est souvent que le début d’un parcours permettant à l’individu de reprendre sa place dans la société.
Effectivement, il est prouvé qu’après un séjour prolongé dans la rue ou dans diverses institutions, la prise en charge de l’individu par lui-même peut parfois devenir un obstacle majeur, malgré la stabilisation en logement. L’autonomie individuelle est quelque chose qui se perd très facilement, mais grâce aux services de soutien communautaire comme ceux offerts par Ma Chambre, les locataires peuvent être accompagnés dans leur processus de réintégration, ce qui les aide grandement au quotidien. Nous obtenons ainsi de meilleurs résultats en matière d’insertion sociale et d’amélioration de la qualité de vie de nos locataires.
Sans avoir la prétention de faire des miracles, nous sommes sûrs que nos services permettent à des personnes vulnérables ayant été marginalisées au cours de leur vie de retrouver leur place à l’intérieur de la communauté et de reprendre confiance en leurs moyens. Nous croyons que le développement d’un sentiment communautaire fort au sein de nos locataires enrichit grandement notre société en mobilisant des citoyens critiques à l’esprit social grandement développé.
Obstacles et enjeux du logement social avec soutien communautaire
Un des enjeux majeurs de notre organisme est de maintenir, sinon de développer le bassin de logements sociaux disponibles à Montréal. Bien que la situation s’améliore légèrement, la demande pour l’obtention de logements à prix modique, elle, grandit à vive allure. Bien que quelques groupes militent fortement pour le développement de nouveaux projets, les organismes offrant ce genre d’habitation ne peuvent suffire à la demande et les listes d’attente ne font que s’allonger. De plus, le manque de reconnaissance du besoin en matière de logements sociaux et le manque de soutien financier ralentissent grandement le processus. Bien que pratiquement tout le monde reconnaisse le besoin de mettre fin à l’itinérance, les investisseurs se font plus rares quand vient le temps de mettre en chantier de poten-tielles solutions pour y parvenir. Sans financement, le communautaire ne peut bâtir de nouvelles unités de logement sociaux et malheureu-sement, les populations vulnérables ne peuvent se permettre de louer des appartements sur le marché privé et encore moins de regarder du côté des condos. Il faut un changement de cap en matière de logement et nous croyons fortement que Ma Chambre inc., tout comme les autres organismes en hébergement, fait partie de la solution. Nous ne demandons qu’un soutien afin de pouvoir utiliser notre expertise et permettre aux citoyens les plus vulnérables de se loger adéquatement et à des prix raisonnables.
L’enjeu le plus important reste toutefois notre capacité à aider les locataires dans leur cheminement personnel et ainsi éviter un possible retour à la rue. C’est à ce niveau que le soutien communautaire est primordial. Mettre fin à l’itinérance est un défi qui dépasse la seule capacité à donner un toit aux individus. Leur parcours de vie, au cours duquel les locataires ont souvent été écorchés, a souvent laissé des lésions avec lesquelles ils doivent apprendre à vivre au quotidien. En offrant un service de soutien à la communauté, nous tentons de créer des liens de confiance avec les locataires et ainsi favoriser une meilleure relation d’aide. Que ce soit par un soutien personnalisé à domicile, un référencement vers des ressources spécialisées ou encore par le développement d’une programmation d’activités socioculturelles, nous tentons de redévelopper la confiance de l’individu face à lui-même afin qu’il puisse reprendre le contrôle de son quotidien et s’épanouir à travers ce dernier. La marginalisation des personnes vul-nérables leur fait souvent perdre confiance en leur capacité de faire partie intégrante de notre société. Notre mission est de leur redonner envie d’être un citoyen critique et responsable. Nous faisons toutefois face aux mêmes obstacles dans ce cas-là que dans le développement du bassin de logements. Le manque de soutien financier nous oblige à faire preuve de grande créativité et de faire beaucoup avec peu afin de garder les locataires motivés et de favoriser leur participation à la vie associative ou aux activités d’implication citoyenne. Force est d’admettre que nous ne pouvons pas toujours faire l’impossible et que certains de nos locataires devront retourner à la rue, faute d’avoir pu stabiliser leur quotidien assez solidement. Nous restons quand même positifs et gardons confiance qu’en développant de forts partenariats avec le milieu communautaire et en impliquant les acteurs directs de la communauté, comme les commerçants et les entreprises locales, nous pourrons créer un changement et permettre à un maximum de personnes de retrouver leur place au sein de notre société.
Visage des locataires (réalité sociale et logement)
Qui habite ces maisons de chambres ?
« Une étude effectuée en 1996 indique que le client type de la maison de chambres demeure un homme seul, âgé d’environ 40-50 ans, sans emploi ou ayant de faibles revenus, immigrant, ou encore ce sont des personnes vulnérables, à risque d’itinérance, souvent avec des conditions de vie difficiles. Une partie de la clientèle présente des problèmes associés à la santé mentale et aux dépendances de toutes sortes; la majorité souffre d’isolement social, étant sans revenu ou ayant un revenu provenant de l’aide sociale. Ces personnes doivent faire appel systématiquement aux banques alimentaires. Liée à l’itinérance, une concentration de cette clientèle se retrouve au centre-ville.1 »
Mais au-delà de ce portrait sommaire et un peu misérabiliste se cachent également des personnes dynamiques impliquées dans leur milieu de vie, qui participent activement aux réunions d’organisation, activités et tâches afin de permettre de rehausser la qualité de vie de l’ensemble des locataires. Car ce qui différencie un organisme comme le nôtre et les maisons de chambres du secteur privé est le désir de développer la prise en charge des individus. Comment ? D’abord, par la mise en place d’un service de soutien communautaire dont l’objectif est justement de développer le sentiment d’appartenance des locataires. Ensuite, par la création et l’organisation d’ac-tivités qui favorisent une citoyenneté active et une implication dans les décisions qui les concernent, entre autres par la participation de ceux-ci au conseil d’administration de l’organisme.
Actuellement, 104 personnes habitent dans les immeubles appartenant à l’organisme. Sur celles-là, 72 sont des hommes et 32 sont des femmes. Les locataires sont âgés en moyenne de 58 ans et habitent au sein de l’organisme depuis environ sept ans. Le locataire le plus âgé a 77 ans. Il est très intéressant de constater que les locataires présentent cette belle stabilité résidentielle. Il est à noter que celle-ci est particulièrement importante pour ceux habitant au sein de l’immeuble où se trouve la principale salle communautaire dans laquelle se déroulent de nombreuses activités pour eux. Ce lien entre le soutien communautaire et la pérennité en habitation semble indéniable puisque celle-ci passe à 15 ans à cet endroit, soit quatre ans et demi de plus que la moyenne. On peut donc affirmer que ce soutien fait une véritable différence pour les locataires.
Les statistiques chez Ma Chambre
Nombre de locataire
104Stabilité résidentielle
7 ansNombre
d'hommes
72Moyenne
d'âge
58 ansNombre
de femmes
32locataire
le plus âgé
77 ans
1 Les maisons de chambres à Montréal, commission permanente sur le développe-ment social et la diversité montréalaise, rapport et recommandations, Montréal, août 2012.